"Je ne sais rien du football. Je n’y comprends rien. Je suis emporté dans les remous du stade, du jeu, dans la mémoire des gestes, dans les chants de mes voisins, dans les explosions d’émotions."

La pratique de Louis Verret, pluridisciplinaire et variable, associe actuellement peinture à l’aquarelle, écriture et installation. Son dernier projet en date, Les fruits de la passion (2021-...) consacre l’expérience du drame et du spectacle footballistique, dans des installations submergeantes pouvant combiner impression textile et peinture à l’aquarelle.
 
L’emploi de la peinture à l’aquarelle témoigne d’une volonté de sous-texte en contre-pieds. Pratiquée originellement pour le fugitif de la peinture de voyage, sur le motif et objective, elle en conserve les caractéristiques fugaces, de notes prises sur le vif, au plus proche des émotions et des stigmates. Le livre est ainsi consacré pour sa forme (sur laquelle se pose le souvenir du vivant, sa disposition poétique), non pour sa fonction (de lecture, de culture). Le footballeur, absolument dépassé par l’émotion, fixé dans une attente, s’inscrit dans la tradition picturale (et anachronique) des figures féminines et/ou divine de la Renaissance : ces Nymphes fluides portées par le vent de Botticelli (le Printemps, etc.).
 
Des corps masculins, perlés de sueurs, aux traits émaciés, les larmes aux yeux ou en pleine fureur, qui empruntent leurs poses à l’histoire de la peinture (interrogeant la mémoire d’un pathos formel), pour une ambiance si ce n’est homo-érotique, au moins ruisselante d’émotion. Des variations via agrandissement, des impressions sur textiles, qui s’élèvent et se superposent, jouent de ce trouble.