Le Musée d'art de Turku consacre une exposition majeure à Nelli Palomäki avec Holds, une monographie qui rassemble trois séries récentes (Shared, Speed of Dark et The Ladder) et révèle un ensemble de portraits photographiques déployant des récits où se mêlent communauté, fratrie et refuge.
L'artiste internationale propose un travail centré sur les relations que l'on tisse avec nos semblables, la famille ou bien plus largement la communauté quasi familiale sans oublier ce besoin constant de construire et d'offrir un refuge physique, psychologique et spirituel. Ces dernières années, Palomäki est passée du portrait d'enfants et d'adolescents à la photographie d'adultes, préservant toujours l'interaction sensible entre la photographe et son sujet. Les photographies invitent le spectateur à se demander ce qu'un portrait peut finalement révéler sur le modèle, et dans quelle mesure l'image est à la fois mise en scène par l'artiste et peut-être un portrait du photographe lui-même.
Palomäki s'intéresse au processus de création de la photographie argentique et à son lien avec le cycle annuel et l'obscurité. Elle utilise actuellement un appareil photo argentique grand format lent et développe ses images en tirages gélatino-argentiques selon des techniques traditionnelles. Le travail en chambre noire exige de la patience, car plusieurs étapes doivent être réalisées avec soin. L'artiste se décrit comme une personne oscillant entre chaos et contrôle, entretenant une relation obsessionnelle avec la photographie.
Trois séries d'œuvres de Palomäki sont exposées au Musée d'art de Turku. Shared (2016-2024) explore la fraternité, une relation faite d'apparentes similitudes et de différences profondes : dans ces images, les frères et sœurs s'accrochent et se serrent, partageant une identité façonnée par la proximité autant que par la séparation. Speed of Dark (2020-2024) est issu d'un temps de repli, marqué par la maison, la famille et la chambre noire, en réponse aux contraintes mondiales. La série dépeint les enfants qui grandissent et le cycle annuel du jardin, tout en explorant l'essence même de la photographie : la présence et l'absence de lumière, et la capacité de la photographie à préserver et à façonner nos souvenirs.
La dernière série, The Ladder (2024–), est présentée pour la première fois au Musée d'art de Turku. Photographiée au monastère de Valamo à Heinävesi, Palomäki continue l'examen des thèmes de la sécurité et du refuge. Les œuvres s'enracinent dans la vie quotidienne du monastère moderne et de sa confrérie, dont la pyramide des âges s'est rajeunie ces dernières années. Les photographies s'inspirent de la tradition monastique, d'icônes, ainsi que de récits et de textes qui se dévoilent progressivement au fil des visites de l'artiste au monastère. The Ladder fait référence non seulement à l'œuvre éponyme de Saint Jean Climaque de l'an 600, qui décrit les trente étapes du développement spirituel, mais aussi, plus généralement, au besoin humain de se développer et de progresser vers un but précis.
