Hans Op de Beeck - Loss

4 - 30 Septembre 2004
" Dans cette exposition Hans Op de Beeck désire susciter une sorte d'expérience totale en employant un mélange peu commun d’œuvres visuelles et sonores anachroniques. Les paysages mélancoliques se mélangent avec les bruits étranges, la musique et les personnages perdus errants."

 

La galerie accueille la première exposition personnelle de l’artiste belge Hans Op de Beeck en France. Ce jeune et talentueux artiste, déjà reconnu en Belgique, a vu récemment sa démarche couronnée par maintes expositions. Il a notamment remporté, en 2003, le Prix Jeune Peinture qui salue la jeune création belge, et l’on a pu voir son travail au GEM de la Haye ce printemps, à Art Unlimited à Bâle en juin dernier, et dans de nombreuses expositions collectives ainsi que dans les personnelles que lui consacrent cette année, les quatre galeries qui le représentent désormais à travers le monde.

Un succès si rapide s’explique sans doute par l’originalité et la densité de ce travail qui s’exprime à travers différents médiums : dessins, photographies, films, sculptures et maquettes de situations imaginaires pouvant aller jusqu’au gigantisme (pour l’exposition au GEM et sa participation à Bâle il a crée Location 5, un faux trompe l’œil d’une aire d’autoroute de 24 mètres de long et pour le Prix Jeune peinture, Location 4, la maquette d’un quartier pouvant atteindre 10 mètres par 10 mètres environ. De manière générale, c’est un ensemble de différents moyens d’expression qui étayent un sujet, tel : My Brother’s Gardens (2003) qui est un film mais également un ensemble d’œuvres pour lequel l’artiste a créé un jardin imaginaire à partir de nombreux dessins qu’il a assemblés dans un film d’animation où chaque image se fond à la suivante. Ce film a été, par la suite, intégré à une cinématographie développée comme une histoire nostalgique en hommage au « frère ». Parallèlement, l’artiste a prolongé son propos par des sculptures issues des dessins ; ces derniers étant bien entendu montrés dans le même temps.

Ces différents dispositifs fonctionnent donc comme un ensemble à l’appui de scénarii imaginaires, sorte de mises en scène que l ‘artiste intitule fréquemment Situation, Location ou bien encore Staged memory qui signifie littéralement mémoire mise en scène. Tous participent, et notamment dans les dernières œuvres, d’un propos narratif que l’on pourrait qualifier de « néo-romantique », dont le fondement, à origines multiples, s’assume dans une continuité artistique et historique, tant par les thèmes que les moyens employés, et se lit à travers un regard philosophique et cinématographique. En effet, pour le moins curieux, ce travail interpelle par son contenu qui fait l’éloge de la nostalgie et d’autres sentiments quelques peu oubliés de nos jours.

Début 2004, Hans Op de Beeck a collaboré avec la compagnie de théâtre et musicale Transparant d'Anvers. Il a conçu le décor et créé des images vidéo pour la création théâtrale et musicale Sestina. Pour cette production, le metteur en scène Wouter Van Looy a « compilé » des morceaux de musique de Claudio Monteverdi, en articulant l’ensemble à partir d’un madrigal principal : Sestina. La musique a été exécutée par un groupe de jeunes vocalistes talentueux, dirigé par le musicien Jan Van Outryve. L’ensemble des morceaux choisis était focalisé sur la perte de l’aimé (un amoureux, un enfant...). Sur la scène, utilisée tant par les interprètes que par l’assistance, Hans Op de Beeck a créé une atmosphère nocturne, quelque peu aliénante, constituée par un parc habité par un étang très noir et des arbres chauves. Il a filmé les acteurs et les chanteurs, habillés dans des costumes inspirés fin du 19eme par siècle, en leur demandant d’exécuter certains petits actes et gestes.

Pour sa dernière création Loss, qu’il présente à Paris, Hans Op de Beeck a utilisé cette exploration du sujet mélancolique comme point de départ. À la galerie, l'artiste présente une installation composée de vidéo, de sculptures et de dessins. Dans une langue visuelle délibérément artificielle ces travaux reflètent l'idée de la perte, et de la perte de soi ; notions toutes deux reprises sur une mise en perspective philosophique quelque peu ironique. Dans cette exposition Hans Op de Beeck désire susciter une sorte d'expérience totale en employant un mélange peu commun d’œuvres visuelles et sonores anachroniques. Les paysages mélancoliques se mélangent avec les bruits étranges, la musique et les personnages perdus errants.