Emmanuelle Villard - Posturale attitude

16 Mai - 23 Juin 2007 17 rue des Filles du Calvaire 75003 Paris

Posturale attitude met en avant l’état d’esprit dans lequel j’appréhende la peinture et les différents comportements qui en découlent. Il s’agit aussi bien de montrer les éléments objectifs qui conditionnent mon travail, que la dimension subjective liée au travail du corps confronté au matériau. J’élabore des pièces multi-référentielles qui jouent et se jouent autant de la séduction que de l’étrangeté.

 

Emmanuelle Villard, mars 2007

Abstraction

Je me positionne dans le champ de l’abstraction par intérêt pour son histoire des formes et des contenus, mais aussi par pragmatisme. Cela me permet de ne jamais avoir recours à la composition comme espace de projection, ou à un quelconque fil narratif autre que ceux des paradigmes qu’il convoque. Mais paradoxalement, il me permet également la fabrique de multiples allusions, parfois fortuites et toujours liées à la manipulation du matériau.

Peinture

L’exploration méthodique du matériau constitue le point de départ de mon travail, en particulier le fait qu’il puisse être mouvant. Il peut couler, glisser, déraper, tomber, produire des accidents et des surprises. Sortir du cadre au sens propre comme au sens figuré. C’est pour moi une métaphore du monde réel. J’articule ma pratique autour de la volonté de fixer des limites, des cadres, de contenir les dérapages dans une certaine mesure tout en laissant le matériau faire son travail.

Toute pragmatique que soit l’attitude que j’adopte dans l’atelier, il n’en reste pas moins que je doive faire des choix (qualités de peintures, outils, couleurs...) et que cela relève de la subjectivité... le sujet, le je et le jeu ne sont pas loin.

Reste

Je travaille cette notion au propre comme au figuré. Au sens propre, en considérant le caractère fluide du matériau, le fait qu’il puisse s’échapper du cadre du tableau et fabriquer divers accidents, comme autant de restes d’une intention artistique, sortes de « résidus » de tableau, que j’intègre au travail. Au sens figuré, je me demande ce qui peut bien rester de la peinture abstraite aujourd’hui.

« Appropriationnisme »

J’ai commencé mes études à la fin des années 80, période de regain d’intérêt pour les formes historiques et leur appropriation. J’en garde un goût certain pour l’emprunt, mais ni dans une optique critique ou essentialiste, ni dans le but de réactualiser des formes ou des contenus du passé. Les emprunts que je peux faire (et qui ne sont pas essentiellement dépendant du champ de l’art) sont davantage liés au désir de produire des détournements, des contradictions, des étrangetés et des dysfonctionnements : jouer avec ironie, et/ou avec nostalgie, des différents champs paradigmatiques.

Séduction

Si la séduction est revendiquée dans mes pièces, il ne s’agit nullement de l’affirmation d’une féminité stéréotypée et instrumentalisée. J’utilise ces codes, tout comme ceux de l’érotique, par jeu et par ironie, dans la volonté de maintenir les pièces dans une constante ambiguïté. C’est aussi un outil : un moyen de capter le regard.

Posturale attitude met en avant l’état d’esprit dans lequel j’appréhende la peinture et les différents comportements qui en découlent. Il s’agit aussi bien de montrer les éléments objectifs qui conditionnent mon travail, que la dimension subjective liée au travail du corps confronté au matériau. J’élabore des pièces multi-référentielles qui jouent et se jouent autant de la séduction que de l’étrangeté. Elles engendrent diverses allusions aussi bien à l’histoire de l’art qu’à d’autres domaines (arts décoratifs, design...) et se « chargent » de l’histoire de leur processus d’élaboration. Elles proposent un jeu de va-et-vient entre le champ de la peinture abstraite et celui de l’objet (peinture objet, objet visuel, objet « surfacique »...) tout en accordant une attention particulière à la surface (trompe-l’œil, « trompe-sens »). La confrontation des différentes séries vise le trouble : un monde complexe, pétri de séduction et d’afférences multiples, un peu déstabilisant et décadent, un peu trop brillant en surface, peut-être à l’image de celui dans lequel on évolue.

Emmanuelle Villard, mars 2007