Crude Gratitude - BIENVENU STEINBERG & PARTNER

Art Orienté Objet, Sara Favriau, Peter Kim, Haroon Mirza, Otobong Nkanga, Michael Wang

8 février – 10 mars 2024

Bienvenu Steinberg & J a le plaisir de présenter Crude Gratitude, une exposition organisée par Alice Audouin, une pionnière de renom dans le domaine de l'art contemporain et de l'environnement en France et au-delà. L'exposition présente des œuvres de Art Orienté Objet, Sara Favriau, Peter Kim, Haroon Mirza, Otobong Nkanga et Michael Wang.

 

La gratitude est-elle une nouvelle caractéristique de la civilisation ? S'étendant envers le vivant et le cosmos, annonce-t-elle une civilisation plus écologique à venir ? Les artistes environnementaux contemporains sont-ils les pionniers de cette nouvelle ère ? L'exposition explore cette potentialité en réunissant six artistes contemporains qui adoptent la pratique du soin et favorisent la collaboration interspécifique. Les artistes de Crude Gratitude présentent un regard alternatif pour percevoir le monde, guidé par une attention envers chaque entité, que ce soit à une échelle microscopique ou cosmique : une écologie de l'empathie.

La gratitude, principe central dans la plupart des religions et philosophies, joue un rôle pivot. Comment la gratitude pourrait-elle fonctionner comme un outil dans les domaines de l'éco-psychologie et de l'art ? Utilisée comme antidote à l'isolement qui a prévalu dans un monde arrêté par la pandémie de Covid, la gratitude émerge comme une réponse saillante. Cette émergence coïncide avec une prise de conscience croissante de la fragilité de l'existence humaine, amplifiée par le contexte du changement climatique, des conflits armés internationaux et du déclin alarmant de la biodiversité. Les artistes présentés dans Crude Gratitude incarnent une "mentalité mondiale", une attitude transformative définie par Edouard Glissant, comme une alternative à la mondialisation, une réorientation loin du centrisme humain, où les humains assument leur responsabilité en tant que participants actifs dans un système plus vaste.

 

Otobong Nkanga place le soin au cœur de sa pratique pour tracer des voies claires de résilience dans un monde surexploité. Dans Alterscape Stories: Uprooting the Past (2006 - 2016), créé lors d'une résidence aux îles Canaries, l'artiste reconstitue un paysage traversé par le temps. Elle se représente ici dans le présent, encadrée par un passé lointain qui incarne une nature intacte et un futur de destruction rempli de catastrophes naturelles. L'artiste exhume les parties voilées de l'histoire humaine.

 

Utilisant l'énergie solaire à la fois comme élément sculptural et comme source de lumière et de son, Haroon Mirza associe sa pratique à l'anthropologie pour créer une nouvelle relation mythologique et symbiotique avec le soleil, imaginant de nouveaux rituels. Dans cette œuvre, née d'une conversation avec le chorégraphe anglais Wayne McGregor, une porte de fourgon et un panneau solaire s'appuient l'un contre l'autre, créant une canopée, un espace sonore.

 

Depuis 30 ans, Art Orienté Objet utilise les forces chamaniques comme outil de guérison pour les humains et le monde naturel. Ce duo français, pionnier dans l'association de l'art, de l'écologie et de l'éthologie, a créé trois tambours apotropaïques pour l'exposition, éveillés, chargés et vivants. Ils expriment leur gratitude envers les activistes environnementaux et les lanceurs d'alerte, dont la figure emblématique Greta Thunberg. De plus, ils rendent hommage à Aby Warburg, annonciateur de la crise écologique actuelle, dans une vidéo traduite en anglais pour la première fois.

 

Michael Wang ajuste le regard et la conscience humaine à l'échelle des problèmes mondiaux. Il met l'accent sur trois thèmes majeurs dans son travail : d'abord, l'éthique des relations interspécifiques, basée sur sa recherche sur la liste "Éteint à l'état sauvage" de l'UICN ; ensuite, les transformations environnementales de paysages majeurs et de sites naturels en perturbant le vocabulaire sculptural du lac Tai (Chine) avec des algues proliférantes ; et enfin, les racines du monde à base de carbone responsables du changement climatique, sous la forme d'un hommage à ses origines végétales et aux prodiges de la photosynthèse.

 

Repriser le feu #2 est une installation in situ créée pour l'exposition par l'artiste française Sara Favriau. L'artiste a sélectionné et sculpté les restes calcinés laissés par le mégafeu qui a balayé la forêt des Landes en France en 2022 ; puis, elle a attendu que les premiers buissons d'épines tissent une tresse comme un nouveau récit symbolique reliant l'humanité et son environnement.

 

Peter Kim, s'inspirant de l'océan, canalise le sentiment océanique qui lui était refusé dans sa jeunesse sous le régime dictatorial en place à l'époque en Corée du Sud. À travers la lenteur délibérée de sa pratique, la sobriété de ses couleurs et l'attention méticuleuse portée à la nature et à la mémoire, l'artiste cherche une manière d'être dans le monde aussi juste et légère que possible. Il nous rappelle que rien ne peut être possédé, et que tout n'existe vraiment que par révélation.

Février 10, 2024
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