L'exposition explore l'imaginaire de l'écrivaine catalane Mercè Rodoreda en se concentrant sur la radicalité de sa littérature. Sous le commissariat de Neus Penalba, l'exposition propose un parcours à travers les thèmes majeurs de son œuvre, appréhendés comme un réseau de signifiants qui, telles les racines et les branches d'un arbre, se déploient en ramifications de sens complexes et entrelacées.
La poétique de cette grande romancière du XXe siècle est constituée de certains gestes qui se répètent dans ses nouvelles et romans – épier, observer, assister à la mort, étouffer, se noyer, se transformer, etc. – on y trouve de nombreuses maisons avec ou sans jardin, des rues et des places, mais elle est avant tout remplie d'arbres et de tropes botaniques.
Plonger dans l'écriture de Rodoreda, qui est toujours à la fois innocente et cruelle, enfantine et macabre, réaliste et fantastique, lumineuse et sombre, implique d'embrasser l'inséparable unité des contraires qui définit son imaginaire : montrer, en somme, qu'à côté du jardin d'enfants avec le grand-père Gurguí, se trouve un espace florissant de cactus rebelles, de glycines géantes, de fleurs du mal, de forêts suicidaires et de toutes sortes de méfaits.
Concevant l'espace comme une vaste forêt reliant organiquement les différentes salles, le parcours de l'exposition utilise la métaphore de l'arbre pour explorer l'œuvre et l'écrivaine : les racines littéraires et vitales ainsi que l'expérience du déracinement causé par l'exil ; les troncs qui sont les colonnes vertébrales de l'expérience de la guerre, pleins de nœuds et de mal ; les branches qui cherchent à frôler les grands noms de la culture occidentale – écrivains, artistes et cinéastes ; la cime des arbres qui abrite les oiseaux et touche le ciel ; et aussi les graines, qui finissent par germer et porter leurs fruits dans l'imagination d'un groupe d'artistes visuels créant des œuvres ex nihilo, inspirées par le travail de Rodoreda.
L'exposition fait dialoguer l'œuvre littéraire de l'auteure avec le travail plastique et audiovisuel d'artistes de différentes époques, et intègre également des documents originaux issus du fonds de la Fondation Mercè Rodoreda, ainsi que des photographies et des œuvres contemporaines d'artistes tels qu'Èlia Llach, Mar Arza, Cabosanroque, Oriol Vilapuig et Carlota Subirós.
