James Hyde États-Unis, 1958

'Hyde est un entrepreneur au sens le plus profond du terme : son site de travail est le grand et poussiéreux édifice du modernisme formaliste.'

L’histoire de l’art est parsemée de “carrières fantômes.” De manière plus ou moins connue, Gauguin fut autrefois agent de change, Beckman infirmier, Rosenquist peintre d’enseignes et Koons faisait les marchés. Dans son ancienne vie, James Hyde, lui, fit un travail d’entreprise générale. Pendant dix ans, au cours des années 80 et au début des années 90, lui et son équipe démolirent et reconstruisirent murs, sols, tuyauteries, canalisations et menuiseries à travers Manhattan et Brooklyn. Rénover est un travail d’ouvrier, mais c’est aussi une sorte d’artisanat, incorporant le vaste registre de savoir-faire du plâtrier, carreleur, plombier, électricien, peintre, vitrier – propre à humilier le mince frémissement des techniques enseignées dans les écoles d’art. Rénover est peut-être la préparation idéale pour les exigences d’une pratique d’Art libéré et pluraliste – ou tout du moins l’art de Hyde nous porte à le croire. De nos jours, bien sûr, Hyde n’installe plus de plomberie ou de murs en pierre sèche. Mais il n’a pas entièrement arrêté son ancienne activité. Il ne s’agit pas seulement de la variété de ses talents techniques, de sa préférence pour les matériaux de construction, de ses allusions aux formes domestiques, ni même de sa discrète professionnelle. Hyde est un entrepreneur au sens le plus profond du terme : son site de travail est le grand et poussiéreux édifice du modernisme formaliste. Hyde le rénove pour de nouveaux locataires, dont les budgets sont plus minces, et les exigences plus nuancées que ceux de leur prédécesseurs. Ces nouveaux locataires ce sont nous.

 

Alexi Worth

 

Son travail est dans les collections du Guggenheim, le Museum of Modern Art (New York), le Brooklyn Museum of Art, et la Corcoran Gallery of Art de Washington, DC, entre autres.