"Une définition de l’art contemporain par le chorégraphe et danseur Jérôme Bel, c’est trouver de nouvelles formes pour raconter la réalité, parler du monde."
Exposition du 30 juin au 28 juillet 2018
LAIA ABRIL
LAURENCE AËGERTER
CARMELA GARCIA
KATINKA LAMPE
MÉLANIE PAVY
SMITH
CHRISTER STRÖMHOLM
Cette exposition présente le travail d’artistes dont les regards se sont portés sur ceux des autres. Nous irons d’un regard à un autre, d’une histoire à l’autre. Les premières, à caractère documentaire, sont convoquées par ces auteurs qui s’en nourrissent pour produire de nouveaux récits. Ainsi, une histoire commence là où la documentation d’une autre s’achève. Par l’édition de ces nouveaux récits, les artistes transforment cette matière en archives, donnent un nouveau sens aux images existantes, et dresse ainsi de singuliers hommages au temps qui passe, et à ce qui reste.
Des articles de presse, de vieux clichés, les illustrations d’un ouvrage d’anthropologie ou d’un autre de tourisme, une illustre série photographique des années 60, le tableau d’une madone du XVIe siècle...
Ces matériaux sont le point de départ pour ces artistes qui démarrent là où d’autres ont arrêté l’Histoire et suspendu leur narration. En reprenant la route, et suivant les derniers pas, ils ont choisi soit d’y revenir ou d’en repartir pour dériver vers un ailleurs. Ils ont choisi ces traces pour réécrire avec un vocabulaire d’aujourd’hui l’histoire passée au temps présent, la version contemporaine d’une histoire classique archivée.
Certains s’empareront même de l’intangible matière que constitue le souvenir, l’image mentale, impalpable et volatile de faits dont c’est ici la mémoire, ce qu’elle conserve et exprime de ce vécu, qui est prise comme matériau à modeler, moins que les documents qui pourraient en attester. A la lisière de l’art et du documentaire, certaines œuvres naissent et se réalisent dans la double interprétation d’une expérience subjective du réel.
Une définition de l’art contemporain par le chorégraphe et danseur Jérôme Bel*, c’est trouver de nouvelles formes pour raconter la réalité, parler du monde. Le monde évolue, les formes pour le dire le doivent résolument. Quand les artistes questionnent ces nouvelles formes d’existence, ils questionnent le passé face au présent, l’avant par l’après, le présent par des futurs possibles. Ils chroniquent autant qu’ils témoignent. Il s’agit de deux temps, de personnes et de personnages, de faits et de scenarii, de profane et de sacré, d’exégèse de la matière.
Il s’agit d’allers-retours, du réel à la mise en scène, du documentaire à la fiction, de la langue à l’écriture, de la reproduction à la transformation. D’une dérive, poétique.
— Charlotte Boudon